Le 14 juillet ? Ça veut dire quoi au juste ?…

1ère partie : quand la Révolution reste opportunément inachevée

Ne soyons pas naïf ! La commémoration consensuelle du 14 juillet est le cache sexe d’une réalité historique et sociale qui a toujours été et reste durement conflictuelle. L’unanimisme républicain n’est qu’un mythe opportuniste. La démocratie « par le peuple et pour le peuple » est un somnifère servi au « bon peuple » pour qu’il reste tranquille face à sa situation qu’il pourrait juger insupportable. Et le jour où le somnifère ne pourra plus contenir les masses devenues clairvoyantes, restera la force armée…

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Poussée à son terme, la logique révolutionnaire débouche sur une république instaurant une égalité de droits et de devoirs pour tou.te.s, non seulement dans la souveraineté civique comme c’est le cas jusqu’à présent, mais aussi dans la famille, l’accès aux droits sociaux et humains, le travail… Et il ne suffit pas qu’une égalité soit garantie, tel le droit de vote dans la souveraineté civique, il faut aussi que ce droit ne puisse pas être dévoyé. Or le contrôle des élu.e.s par leurs électeur.trice.s en dehors des seules élections est manifestement défaillant ou carrément absent. Mais cette défaillance du fonctionnement démocratique n’est pas une erreur. Elle est voulue par celles et ceux qui ne veulent pas avoir trop de comptes à rendre à leurs électeur.trice.s, elle est voulue par celles et ceux qui ne veulent pas d’entrave à leur business.

La République n’a jamais été et ne sera jamais le système politique voulu par les classes possédantes. Que ce soit par le droit du sang avant 1789 ou par le droit de propriété privée après, une minorité n’a eu de cesse d’imposer une inégalité à l’ensemble du corps social, de droit d’abord, de fait ensuite. La Révolution française n’a pas éradiqué l’aristocratie, au sens où une partie du corps social jouit de droits plus importants que l’ensemble. La bourgeoisie d’argent conserve une telle capacité de rente que cela conforte sa position sociale à l’identique de ce qu’était l’aristocratie de sang sous l’Ancien régime. Quelle est l’idéologie sous jacente à l’une et l’autre ? En s’appuyant à la fois sur la conception religieuse d’un « ordre divin » et sur une observation biaisée des sociétés animales, il est décrété comme « naturel », et donc inaltérable, que la bonne administration des sociétés humaines ne peut se fonder que sur un partage entre des dominants qui décident et des dominés qui exécutent. Les dominants constituent alors une aristocratie qui s’accorde des privilèges, comme de ne pas travailler sous l’Ancien régime ou d’accumuler sans limite la propriété sous nos démocraties bourgeoises. Mais toute aristocratie a deux points faibles : être numériquement minoritaire et jouir d’une position dominante injuste et insupportable aux yeux de toute personne douée de raison. De plus l’inégalité reste un fait social qui passe mal dans une nation qui s’est construite sur l’abolition révolutionnaire des privilèges et du pouvoir absolu, dont le symbole ultime est la condamnation à mort du Roi. C’est pourquoi une aristocratie ne se maintient en France qu’en s’appuyant sur trois ordres au moins : un ordre institutionnel qui réduit a minima la souveraineté du peuple, un ordre militaire et policier qui dissuade de toute insurrection, un ordre moral qui justifie l’inégalité.

En bonne garante de la démocratie bourgeoise, la 5ème République institue parfaitement un ordre institutionnel où la souveraineté populaire est minimaliste. Exemples : la même politique économique et sociale est menée depuis 35 ans par des gouvernements annoncés comme de « couleurs » différentes sans que cette tromperie ne puisse être stoppée ; le choix de 55 % d’électeur.trice.s de dire NON par référendum au traité constitutionnel européen peut ne pas être pris en compte. Et combien d’élu.e.s locaux/locales, Maires et Président.e.s de Conseils départementaux ou régionaux, peuvent ne pas faire ce qu’ils/elles ont annoncé aux élections, ou faire le contraire, sans qu’ils/elles puissent être sanctionné.e.s !

De tous les Présidents de la 5ème République, Emmanuel Macron est celui qui pousse le plus loin le potentiel monarchique de ce régime présidentiel. Au point où il n’est pas exagéré d’affirmer qu’un retour à l’Ancien régime devient factuel.

« Le jour du 14 juillet je reste dans mon lit douillet. La musique qui marche au pas cela ne me regarde pas »

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